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2eme Tahiti Swimming Experience : des stars de la natation française au rendez-vous

En deux éditions seulement, la Tahiti Swimming Experience est devenue un événement majeur en Polynésie Française, où elle est désormais inscrite au calendrier des grandes manifestations. Après les éditions d'octobre 2016 et décembre 2018, elle doit d'ailleurs passer à la vitesse supérieure en devenant un rendez-vous annuel. Une superbe vitrine pour notre destination, qui bénéficie du soutien de stars de la natation française.

La Tahiti Swimming Experience est un concept né dans l’esprit du champion de natation polynésien Stéphane Debaere, qui avait pour but d’inviter des nageurs olympiques internationaux, spécialistes des bassins mais aussi de la nage en eau libre, à venir découvrir et pratiquer la natation dans les eaux polynésiennes. Stéphane avait en tête, et à cœur, de partager avec ces grands champions la sensation de l’eau libre dans un environnement idyllique tout en leur faisant découvrir son beau pays. L’idée a fait son chemin jusqu’à aboutir à la première édition de la Tahiti Swimming Experience, qui avait permis de recevoir l’élite de la natation française au Fenua en octobre 2016. Parmi les stars à avoir répondu présentes lors de l’événement, Camille Lacourt (quintuple champion du monde), Frédérick Bousquet (champion du monde et quadruple champion d’Europe) et Florent Manaudou (champion olympique). Organisée sur une durée d’une quinzaine de jours, cette édition avait déjà donné lieu à de nombreux échanges et partages avec la population, mais aussi avec les sportifs locaux.

Cette première édition de la Tahiti Swimming Experience, élue « Meilleur événement sportif 2017 » lors du challenge ATN-Tahiti Infos, a d’emblée remporté un très grand succès médiatique et populaire. Son concept à la fois touristique et sportif, basé sur la thématique d’ « Un lieu, une rencontre », a séduit le public tout autant que les athlètes français qui n’ont pas hésité à honorer une fois encore la seconde édition de leur présence ou à s’y associer à la suite de leurs aînés pour les nouveaux. Le concept s’est étoffé au passage de découvertes culturelles et touristiques, mais aussi de rencontres avec la population locale. Devenue une vitrine internationale de la destination et un bel outil de promotion de la discipline de l’eau libre, laquelle véhicule en elle-même des valeurs de préservation de l’environnement et de la biodiversité, la seconde édition de la Tahiti Swimming Experience a déroulé du 2 au 8 décembre 2018 un programme explosif et d’une richesse inédite qui la promet à un bel avenir. Et ce d’autant plus que la Fédération tahitienne de natation, dont le président, Sylvain Roux, n’est autre que le directeur technique de l’événement, a officiellement lancé l’eau libre en Polynésie (une discipline par ailleurs inscrite au programme des Jeux Olympiques depuis 2010 sous la forme d’une épreuve de 10 km), avec le soutien de la Fédération française de natation, qui a aussi inscrit cet événement dans la Tournée EDF Aqua-Challenge Tahiti afin de soutenir le développement de cette discipline au Fenua. Le programme sportif de cette deuxième édition a proposé sur trois journées plusieurs épreuves en eau libre organisées à Tahiti mais aussi à Moorea. Y étaient conviés le grand public, les clubs, les comités d’entreprise ainsi que les scolaires en partenariat, et c’est notable, pour le déroulement et la mise en œuvre du projet avec le programme Pisan (Programme d’insertion sociale par les activités de la natation), institué depuis 2010 par la Fédération tahitienne de natation en collaboration avec les communes.

La présence des champions français a aussi été l’occasion de master classes et de séances de coaching personnalisé. En marge de ce programme, les athlètes ont été invités à prendre part à plusieurs événements culturels : un tour de l’île de Tahiti, le lundi 3 décembre, au cours duquel leur ont été proposées une cérémonie du kava ainsi qu’une pêche traditionnelle au caillou avec des pêcheurs de la commune de Tautira à la Presqu’île de Tahiti ; une cérémonie d’offrandes sur un marae le lendemain (cérémonie du Fa’atau Aroha) destinée à entrer en relation intime avec les tupuna et les atua (les ancêtres et les dieux) afin de recevoir le mana, la force sacrée ; et enfin une journée mahana arioi le mercredi pour vivre l’expérience des arts et de la culture polynésienne en se glissant dans la peau des anciens arioi, cette caste d’artistes qui rassemblait autrefois tous les talents des arts traditionnels.

L’équipe de stars françaises de la natation venue tout spécialement pour l’occasion était constituée cette année de Camille Lacourt, qui signait là sa deuxième participation à l’événement ; de Logan Fontaine, âgé d’à peine 19 ans mais déjà champion du monde et d’Europe junior en eau libre ; d’Aurélie Muller, seule femme du voyage et grande spécialiste de l’eau libre ; de Marc-Antoine Olivier, médaillé olympique en nage libre ; de Stéphane Lecat, dix fois champion du monde et directeur de l’eau libre au sein de la Fédération française de natation ; et enfin de Philippe Lucas, entraîneur national en eau libre, dont l’impressionnant palmarès international fait état de 101 médailles. Les trois premiers ont accepté de répondre à nos questions, à commencer par Camille Lacourt à qui son premier séjour au Fenua avait laissé un souvenir impérissable : « la Polynésie, quand on en repart, c’est un peu comme repartir du paradis. la première Tahiti Swimming Experience avait été une expérience de « ouf » vécue entre amis. Dès qu’on me l’avait proposée sur le mode « est-ce que tu es libre ? », j’avais répondu « oui » direct. En plus de venir à Tahiti, ce qui représente déjà en soi des vacances de rêve, ça m’intéresse de promouvoir la natation et le sport santé. je n’ai jamais été un spécialiste de l’eau libre, mais je pense que c’est une discipline qui peut générer un grand engouement, ça peut « prendre » comme le trail. En tout cas, ça répond à cette envie bien présente chez les gens aujourd’hui de voyager utile et l’eau libre a le mérite de tout rassembler, l’aspect écologique, la préservation des fonds marins… Tout est là et je suis toujours ravi d’associer mon image à de tels ingrédients ».

La Tahiti Swimming Experience s'engage pour l'écologie

La manifestation le fait d’abord en cherchant à réduire au maximum l’impact de son organisation sur l’environnement. Mais aussi en s’engageant aux côtés d’acteurs locaux pour sensibiliser le grand public et inciter les gens à adopter des comportements responsables. À l’occasion de cette seconde édition, la Tahiti Swimming Experience a donc choisi de soutenir deux associations locales œuvrant dans ce domaine : Moorea Coral Gardeners et Nana Sac Plastique.

Tahiti Swimming Experience: interviews de nageurs français

En quoi ton premier séjour avait différé du second ?

Camille Lacourt : La première année, les participants étaient soit à la retraite depuis peu soit en phase de récupération après les Jeux Olympiques, le programme avait donc été moins chargé malgré un entraînement bien dense. Cette année, il y avait beaucoup de visites en perspective, d’événements culturels ; c’est pour ça aussi que nous sommes venus.

Et pour vous dont c’est le premier séjour en Polynésie, quelles ont été vos premières impressions sur la destination et qu’en connaissiez-vous ?

Aurélie Muller : J’avoue que je n’en connaissais pas grandchose, juste une vague idée de lagons, d’eaux transparentes et de bungalows sur pilotis… Je ne savais même pas où ça se situait exactement. Mais quand Sylvain Roux, le directeur de la Fédération tahitienne de natation, nous a fait cette proposition, je me suis d’abord assurée de bien caler les dates (je voulais être pré-qualifiée pour les prochains Jeux en novembre), avant de foncer pour ne pas laisser passer cette opportunité.

Et d’emblée nous avons été très bien accueillis. Les gens sont vraiment gentils et bienveillants. Tout le monde te demande tout le temps si tu as besoin de quelque chose… J’ai vraiment eu l’impression d’arriver au paradis avec cette nature qui englobe tout ça. On en est proche continuellement et pour moi qui aime l’eau libre, mais qui pratique le plus souvent en bassin, c’est un vrai terrain de jeu ici avec un sentiment de liberté très fort. Quand tu nages à Tautira, tu as vraiment l’impression de nager dans la jungle, c’est complètement sauvage. On a l’occasion de nager en milieu naturel durant les compétitions, j’ai notamment participé à des coupes du monde en Argentine, en Chine et au Japon, mais les eaux ne sont jamais aussi translucides qu’ici.

Logan Fontaine : C’est le plus long voyage que j’aie jamais fait, j’ai toujours eu envie de venir et je ne suis pas déçu : c’est vraiment le plus bel endroit où j’ai nagé. J’aime l’eau libre pour la liberté du milieu, être en confrontation directe avec les adversaires… J’ai déjà eu l’occasion de nager dans des endroits chauds avec des eaux assez claires, mais ici la beauté des lieux est vraiment exceptionnelle, tout est préservé, c’est magnifique. Et évidemment, je connaissais Teahupoo avant d’arriver car je surfe aussi un peu quand j’en ai le temps.

Quelles sont les expériences faites durant cette deuxième édition de la Tahiti swimming Experience qui vous auront particulièrement marqués ?

Aurélie Muller : Moi, j’ai eu l’occasion de faire ma première plongée, à 20 mètres, de découvrir ce monde sous-marin merveilleux sur un spot qui s’appelle la vallée Blanche (nDlr : il est situé à l’extérieur du lagon bordant la ville de Faa’a, face à l’aéroport sur l’île de Tahiti). C’était la première fois avec des requins et ça te remet à ta place. On se sent minuscule et on ressent aussi qu’ici c’est la nature qui commande, plus qu’en France. Et puis nous avons eu la chance de profiter des extraordinaires expériences organisées pour l’événement. La pêche traditionnelle au caillou était très impressionnante de par l’esprit de solidarité qu’elle implique. Pour attraper beaucoup de poissons, c’est forcément un travail collectif et je trouve aussi que c’est une façon de faire particulièrement noble et respectueuse de l’environnement. La cérémonie des offrandes était quelque chose de très impressionnant aussi. Même si on ne comprend pas le tahitien, on comprend dans l’intonation qu’il se passe quelque chose de fort, on ressent le mana et on se sent très privilégié. C’était un moment solennel qui faisait passer des émotions très fortes.

Logan Fontaine : Pour ma part, j’ai vraiment profité de tout. On en prend plein les yeux tout le temps, tout est magnifique et j’ai engrangé beaucoup de beaux souvenirs.

Camille Lacourt : La cérémonie au temple (marae), à laquelle j’avais déjà assisté il y a deux ans, est vraiment quelque chose de magique. J’aime les croyances et tu ressens un tel respect par rapport à la Terre. L’offrande aux dieux était un moment très fort ; le fait que les gens aient fait l’effort de se déplacer était en soi une grande émotion. Ce rapport à la nature, ces remerciements, ce lien avec les éléments dégagent une très grande force à laquelle je suis particulièrement sensible parce que je les ressens comme l’état d’esprit du guerrier, celui que je pouvais moi-même avoir en compétition, poussé à fond. C’était très puissant. Et puis j’aime beaucoup l’état d’esprit tahitien d’une manière générale, ce côté « rien n’est grave » en même temps. Les gens sont très gentils, c’est fantastique. Il faut absolument garder ça. Quand on vient de Paris, on se dit que c’est ici que c’est juste.

tahiti swimming experience peche

Qu’emporterez-vous avec vous dans vos bagages en nous quittant ?

Aurélie Muller : Une écorce d’arbre qui m’a été offerte comme un symbole durant la cérémonie des offrandes. De super moments partagés avec cette équipe aussi ; nous sommes tous des nageurs de l’équipe de France, nous nous connaissons très bien car nous avons l’habitude de nous retrouver trois ou quatre fois par an, mais cette fois il s’agissait d’une expérience réellement exceptionnelle. Et puis le souvenir de cette population si accueillante, de ces gens si gentils. Le tutoiement met à l’aise tout en exprimant beaucoup de respect, on le sent tout de suite…

Logan Fontaine : J’avoue que je suis particulièrement heureux d’avoir coupé la routine hivernale ; ça fait du bien de fuir le froid de la Métropole et de repartir avec beaucoup de chaleur. D’ailleurs, j’espère avoir l’occasion de revenir.

Camille Lacourt : La première fois, j’avais un ukulélé dans ma valise, cette fois je vais repartir avec une pagaie en bois achetée au marché. C’est une bonne représentation de ce séjour et en plus ça me rappellera mon amie Hinatea (Bernardino, NLDR), la championne de va’a, avec laquelle j’ai fait pas mal de sessions. J’adorerais revenir tous les ans, mais il faut que ça tourne au niveau des participations à l’événement, les choses sont en train de se roder. Mais si on fait appel à moi, je serais ravi de revenir.

 

Source : Magazine Reva Tahiti

Rédaction et interview : Virginie Gillet

Photos :  Johanes Sachsse - Coral Gardener, Grégory Boissy