Mountain view Tahiti

La Côte Ouest, entre lagons et vallées montagneuses.

Elle a donné son nom à notre pays et est à l’origine d’un mythe, celui d’un paradis terrestre : Tahiti !
Un nom, certes, mais avant tout une île, la plus importante par sa superficie, la plus haute et la plus peuplée. Nous vous en proposons une découverte ou une re-découverte avec ici une balade sur sa côte ouest.

Moutain view of the island of Tahiti at sunset

Depuis le point kilométrique 0, dit «PK0», au pied de la cathédrale de Papeete, Tahiti est traditionnellement divisée en deux secteurs géographiques : « la côte ouest » et « la côte est ». Une division qui s’impose naturellement aux habitants de l’île, obligés de traverser la capitale pour se rendre d’un secteur à l’autre. Dans les faits, le « grand Papeete » s’étend aujourd’hui au long des deux côtes sur plus d’une dizaine de kilomètres en incluant des communes limitrophes de la capitale. Mais au-delà, et même avant si l’on s’engage vers les hauteurs de la montagne, chacune de ces côtes déploie une géographie et des paysages tout à fait originaux.

La côte ouest, moins escarpée que la côte est - qui est en grande partie exposée directement à l’Océan Pacifique - dispose d’un vaste lagon protecteur. Elle est aussi généralement plus ensoleillée. Cette situation a favorisé une urbanisation certaine dans sa partie la plus proche de Papeete. Mais elle a aussi favorisé l’installation de plusieurs hôtels et infrastructures touristiques qui peuvent ainsi proposer un paysage marin idyllique à leur clientèle. On y trouve aussi une marina. Mais au-delà de la carte postale, cette côte dispose de richesses naturelles et culturelles que le visiteur curieux aura plaisir à découvrir.

Commençons par prendre de la hauteur.
Le mont Marau, situé sur la commune la plus peuplée de l’île, Faa’a, culmine à 1.441 m dominant l’aéroport international de Tahiti-Faa’a. Il est accessible (en 4x4 exclusivement ou à pied) par une piste qui traverse pendant une dizaine de kilomètres une végétation luxuriante et… des plantations de chou. Cette piste aboutit à des relais de télévision et à une plateforme d’envol de parapentes. Un sentier mène ensuite à son sommet d’où, par beau temps, l’on découvre en un panorama splendide les principaux points culminants de l’île surplombant Papeete.

Côté mer, à la Pointe des pêcheurs (PK 15), le littoral accueille aujourd’hui un agréable grand parc où a été construit il y a une quarantaine d’années le Musée de Tahiti et des îles. Celui-ci a remplacé le premier temple protestant de Punaauia qui fut construit lui-même au XIXe siècle sur un ensemble de marae dédiés au dieu Oro, dieu de la guerre et de la fertilité pour les anciens Polynésiens. C’est dans ce secteur aussi qu’eut lieu la bataille de Fe’i Pi, en 1815, qui vit la victoire de Pomare II,converti à la religion chrétienne importée, contre les tenants d’un maintien de la tradition. Le musée est bien sûr un arrêt obligatoire. Il possède une collection d’objets anciens, l’une des plus riches du Pacifique.

À une vingtaine de kilomètres de Papeete, la commune de Paea est riche de deux marae. Le marae Ta’ata a été restauré en plusieurs phases. Peut-être est-ce celui sur lequel le célèbre explorateur et navigateur anglais Cook assista à un sacrifice humain, en 1777… Le marae Arahurahu a été très bien reconstitué dans les années 1950. On y présente régulièrement des spectacles qui sont des reconstitutions d’anciens cultes : cérémonies de mariage, intronisation d’arii (chefs), danses, musiques, chants…Bourgade tranquille nichée au pied des imposantes montagnes du coeur de l’île, Paea est typique des localités dites du « secteur », terme désignant aujourd’hui les communes de Tahiti autres que celles de l’agglomération Arue-Pirae-Papeete-Faa’a-Punaauia.

De part et d’autre de la route se serrent les maisons entourées de leur fa’a’apu, le jardin en tahitien. Temples protestants et églises catholiques viennent de temps en temps ponctuer de leur imposante présence cet agencement si caractéristique.
Sans oublier les magasins où les familles viennent se retrouver et discuter. La vie ici prend son temps, loin de l’agitation de la grande agglomération de Papeete. Mais poursuivons notre route qui, petit à petit, se met à longer le lagon en offrant ainsi une agréable vue. Au loin, une crête montagneuse se terminant par des falaises proches du littoral indique une barrière climatique au-delà de laquelle la pluviosité augmente. Mais c’est aussi une porte vers un Tahiti plus préservé et plus sauvage. Au pied de cette imposante falaise, PK 28, une grotte abrite une vasque d’eau claire et cristalline issue d’une résurgence. C’est la grotte de Maraa. Selon une légende, le fond reculerait à mesure qu’on s’en approcherait…

À deux kilomètres de là, on trouvera le jardin de Vaipahi et sa cascade. Un lieu de fraîcheur et de couleurs végétales, très bien mis en valeur. Un havre de paix de plus d’un hectare qui est une invitation à d’agréables promenades parmi ses richesses naturelles. Une halte indispensable. Plus loin encore, s’engage une piste traversière praticable en 4X4 uniquement (voir encadré randonnées) qui mène au coeur de l’île et qui - via un col et par un tunnel – rejoint… la côte est et la plus grande vallée de l’île, la Papenoo. À mi-distance, au fond de la caldeira, se trouve le lac Vaihiria décrit par l’écrivain français du XIXe siècle, Pierre Loti : « une mer morte perdue dans les montagnes du centre, tout autour des mornes hauts et sévères découpent leurs silhouettes aigues dans le ciel du soir. Une eau froide et profonde que rien n’anime, ni un souffle de vent, ni un bruit, ni un être vivant, ni seulement un poisson… ».

View of a waterfall Tahiti
View of a surfer at Papara beach

Plus loin, au Pk 39,5, dans la commune de Papara, une plage de sable noir située à l’embouchure de la rivière Taharuu accueille les surfeurs qui profitent d’une belle et régulière houle, de mai à octobre. Ce « spot » est un des plus réputés de toute la Polynésie française. Les adeptes du surf et du body board – jeunes et moins jeunes - y proposent un spectacle permanent des plus agréables à regarder en étant tranquillement installé sur le sable noir. Les weekends, les familles tahitiennes des environs se pressent ici dans un joyeux désordre pour profiter à la fois des plaisirs de la mer et de la fraicheur de la rivière. Non loin de là - hélas à peine reconnaissable - se tenait le marae Maha’i-atea.

Avant d’arriver à l’isthme de Taravao et à la presqu’île de Tahiti, voici enfin le Jardin botanique réalisé dès 1919 par l’Américain Harrisson Smith. Le Musée Gauguin qui le jouxte est hélas fermé depuis deux ans en attendant…une éventuelle rénovation. De la plage qui jouxte le jardin, une belle vue sur l’autre bouclier volcanique, Tahiti Iti (la petite Tahiti) invitera peut-être le voyageur à rêver en pensant aux milliers de kilomètres océaniques qui, audelà, rejoignent… l’Amérique du Sud !

view of the Tahiti wood

Rédacteur : Claude Jacques Bourgeat